Nouveaux traitements psychiatriques, attention danger!

Les biotechnologies expérimentales et l’autostimulation du cerveau, comptent parmi les « traitements modernes » de la psychiatrie qui suscitent de nombreuses préoccupations.

Aux Etats-Unis, les fusillades dans les écoles, le taux de suicide croissant, et la crise des opiacés décrétée « urgence de santé publique » par leur Président en 2017, peuvent être attribués à… la prise de cachets ! Des produits pensés par des professionnels du domaine médical et fabriqués par l’industrie pharmaceutique.

Les effets dangereux et dévastateurs de ces drogues psychiatriques et de ces antidouleurs ont été finalement démasqués.

Les grands titres dans la presse, la présence d’avertissement sur l’emballage des produits, dénonçant les risques encourus, ainsi que les recours collectifs en justice ont forcé l’industrie pharmaceutique à changer de comportement pour préserver ses intérêts et sa rentabilité.

Psychiatrie, à la recherche du prochain bon filon

Le domaine de la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique cherchent désespérément le «prochain bon filon» pour accroître leur chiffre d’affaires.

Des services numériques de santé mentale à la demande et des kits de tests génétiques, vendus sans ordonnance, inondent déjà le marché. Des traitements controversés du passé (les électrochocs) sont discrètement reconditionnés en innovations modernes ne présentant aucun risque.

De nouveaux produits sont mis au point pour modifier les « circuits électriques » du cerveau au moyen des biotechnologies, appuyé par un marketing astucieux qui insiste sur le côté innovation de ces nouveaux traitements tout en minimisant les risques.

Électrochocs, la boîte de Pandore

Un grand nombre de traitements psychiatriques de nos temps modernes sont tout aussi préjudiciables que les pratiques du passé. Ils sont simplement mieux masqués, mieux « aseptisés» et on les fait paraître beaucoup moins atroces qu’ils ne le sont.

Electrochocs sous anesthésieLa thérapie électroconvulsive (ECT) semble moins brutale aujourd’hui, parce qu’on donne aux patients des relaxants musculaires, comme celui utilisé sur les condamnés à mort qui vont être exécutés, avant une anesthésie. Pourtant, les terribles effets produits quand on envoie jusqu’à 460 volts d’électricité sur le cerveau restent exactement les mêmes : les effets secondaires connus de l’ECT sont des pertes de mémoire, des lésions cérébrales, des fractures osseuses voire la mort.

Dans le monde entier, environ un million de patients sont encore traités par les électrochocs, rapportant 5,4 milliards de dollars de chiffres d’affaires annuels, rien qu’aux États- Unis.

Avec une telle marge de profit, ce n’est pas étonnant que les psychiatres aient fait classifier différemment les appareils à électrochocs, dans la catégorie « sans danger », pour qu’ils puissent administrer plus d’électrochocs aux enfants et aux adultes, et ouvrir les portes du marché de la stimulation du système nerveux.

Électroceutique et bioélectronique, de nouveaux traitements psychiatriques

En novembre 2017, la FDA (Food and Drug Administration) a approuvé la première pilule numérique,  MyCite. L’antipsychotique est utilisé pour traiter la schizophrénie et le trouble bipolaire. Les pilules MyCite contiennent un capteur de la taille d’un grain de sable. Quand le capteur entre en contact avec l’acidité de l’estomac, le système de suivi numérique est réactivé. Un patch placé sur la cage thoracique capte le signal et envoie les données à une application utilisant une connexion sans-fil Bluetooth. Les données comme le dosage et l’heure peuvent être envoyées en passant par un portail Web au fournisseur de soins médicaux, ce qui lui permet de contrôler la drogue prise par le patient.

Abilify MyCite la première pilule numériqueAu-delà des implications évidentes de cette technologie qui mènera à des abus coercitifs, l’électroceutique [1] a le potentiel d’augmenter le taux de consommation de drogues. D’après un rapport publié dans Pharma Marketing News, le contrôle de la prise de médicaments pourrait augmenter la consommation de 18 % et les revenus, des fournisseurs de services de santé et des médecins, de 8000 $ par patient et par an.

Le plus grand fabricant de médicaments du Royaume-Uni, GlaxoSmithKline, fait équipe avec Alphabet, la société mère de Google, pour créer la société Galvani Bioelectronics. Pendant les deux dernières années, ils ont mis au point de minuscules dispositifs bioélectroniques qui peuvent être implantés pour moduler les signaux nerveux dans différentes parties du corps.

L’agence des projets de recherches avancées du Département de la Défense américaine s’est engagée à dépenser 70 millions de dollars pour un projet semblable : mettre au point une puce minuscule à implanter dans le crâne des membres du service actif pour « traiter» les troubles psychiatriques comme l’anxiété, les troubles du stress post-traumatique et la dépression majeure, parmi d’autres maux qui affectent les soldats.

Les ingénieurs de l’Université de Californie à Berkeley ont déjà construit de minuscules stimulateurs sans fil de tissus profonds, désignés sous le nom de « poussière neurale ». Ces dispositifs peuvent être implantés dans le corps à côté des nerfs pour stimuler ou enregistrer l’activité électrique. Ils ont implanté avec succès la « poussière neurale» chez un rat et, grâce à la technologie à ultrasons, contrôlé le mouvement de sa patte arrière. Une fois que la technologie sera peaufinée, on pourra l’utiliser comme nouvelle forme de Stimulation Profonde du Cerveau (SPC) dans le domaine de la psychiatrie.

Stimulation Profonde du Cerveau, science étrange

Les psychiatres ont fait l’éloge de la SPC comme remède pour la dépression et le trouble obsessionnel compulsif. Peu importe que la forme actuelle de la SPC ait échoué pendant deux essais cliniques.

Stimulation Profonde du CerveauLa SPC nécessite une chirurgie invasive du cerveau pour implanter profondément des électrodes dans le cerveau. Elles sont attachées à des fils qui descendent à l’intérieur du corps jusqu’à la poitrine, où des générateurs sur batteries sont implantés pour donner continuellement des impulsions électriques au cerveau. Les risques de la SPC sont les mêmes que ceux de n’importe quel type de chirurgie du cerveau.

Des formes de stimulation du cerveau moins invasives, comme les « dispositifs d’amélioration cognitive », sont en train d’être lancées sur le marché pour la génération Y, déjà férue de technologie, comme moyens d’améliorer les performances mentales, d’augmenter l’énergie et d’améliorer le bien-être psychologique.

Des déclarations comme «redémarrer le cerveau» et «réinitialiser le cerveau» normalisent cette idée essentiellement récréative qu’est la neurostimulation. Le marketing utilisé la fait paraître inoffensive, ce qui ouvre la porte à son utilisation répandue et abusive.

L’électroceutique a le potentiel de faire monter le taux de prescription de drogue, en augmentant les revenus des fournisseurs des services de santé de 8000 $ par patient et par an.

Des dispositifs portables de stimulation du cerveau qui utilisent différents circuits électriques sont maintenant sur le marché. La FDA a même approuvé un dispositif de stimulation crânienne pour que les patients l’utilisent chez eux comme traitement de la dépression, de l’anxiété et de l’insomnie.

Aux Etats-Unis, des start-up privées vendent, aux expérimentateurs curieux et aux patients qui désirent soigner leurs problèmes de santé mentale, des dispositifs qui envoient des impulsions électriques au cerveau. Dispositifs qui n’ont même pas fait l’objet de validation au niveau fédéral.  Le manque de supervision et d’essais cliniques alarme les médecins et les chercheurs.

Appliquer des électrodes sur le cerveau peut avoir des résultats inattendus, que ce soit handicaper différentes régions du cerveau ou nuire au développement du cerveau chez les jeunes.

Les risques de l’auto-posologie de la Stimulation Transcranienne par Courant Direct (STCD), l’une des méthodes principales de stimulation, comprennent en particulier des crises d’épilepsie, des maux de tête, de la fatigue et des changements d’humeur.

La psychiatrie 2.0

Les traitements psychiatriques traditionnels ont aussi fait l’objet d’une mise à jour moderne. Des services comme Talkspace [2] et BetterHelp [3] donnent accès à des soins et à des conseils dans le domaine de la santé mentale grâce à des applications mobiles et des sites Internet utilisant un modèle de discussion thérapeutique. Les clients peuvent télécharger une application, être mis en relation avec un thérapeute et lui envoyer des textos à tout moment.

Dans un nombre croissant d’États américains, les drogues psychiatriques peuvent être prescrites au moyen d’une conversation vidéo avec un psychiatre sans que la personne ne se rende chez le médecin, ce qui permet d’obtenir des psychotropes en un clic sur un appareil mobile.

De même, les kits, à envoyer par courrier, pour les nouveaux tests ADN et les nouveaux tests génétiques disponibles en ligne et dans les pharmacies, sont également utilisés pour déterminer des prescriptions de médicaments psychiatriques. Le manque de surveillance dans cet environnement peut s’avérer également très dangereux.

Protéger les droits des patients

Comme le passé l’a prouvé, des avancements dans les domaines de la science et de la technologie n’aboutissent pas nécessairement à des « traitements» psychiatriques plus efficaces ou plus sûrs. Les psychiatres continuent d’administrer des «traitements» destructifs qui portent préjudice au nom de l’aide.

Une association, la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH)  informe le grand public sur les traitements dangereux, comme ceux de ces nouvelles applications. Et depuis plusieurs  décennies, elle dénonce les abus dans le milieu psychiatrique et engage des procès devant les tribunaux contres leurs auteurs.

Lire aussi : Etats-Unis : psychiatrie et racisme

[1] Electroceutique : se dit d’un appareil médical qui soigne en émettant des impulsions électriques. (source Wiktionnaire)

[2] Talkspace est une société de thérapie en ligne et mobile basée à New York. Elle propose une psychothérapie via un smartphone, une tablette ou un ordinateur de bureau à toute personne âgée de plus de 18 ans. (source Wikipedia)

[3] BetterHelp est un portail en ligne qui offre un accès direct aux consommateurs aux services de santé comportementale. Les services de conseil et de thérapie en ligne sont fournis via une interaction sur le Web ainsi que par communication téléphonique et textuelle. (source Wikipedia)

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Citation

« Lorsque j’ai vu la réaction du patient, je me suis dit: « ça devrait être aboli. »

Ugo Cerletti – psychiatre
Inventeur des électrochocs