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Descartes, pourtant

Le troisième et dernier volet du triptyque sur les relations entre philosophie et science. Quand la science fait appel à la philosophie pour expliquer la naissance du monde matériel.

Descartes a apporté une contribution décisive à l’aventure scientifique, en réunissant l’algèbre et la géométrie et donnant ainsi un outil mathématique puissant à l’analyse de l’univers matériel. Il a également marqué un tournant en philosophie, plus exactement en métaphysique. Dans son ouvrage le plus connu, Le discours de la méthode (1637), il a exposé sa démarche de doute, afin de cerner ce qui pourrait être une certitude, ce qui l’amena à sa fameuse formule «je pense donc je suis».

René Descartes (31-03-1596 , 11-02-1650)

Lire aussi le 1er volet du triptyque : À l’origine il y avait la philosophie

Tout cela est bien connu.

Mais il y a deux aspects dans sa démarche qui sont peut-être moins bien compris aujourd’hui.

Tout d’abord, pourquoi expliquait-il si minutieusement toutes les étapes, doute après doute, vers la seule certitude à laquelle il pouvait se résoudre, le fait d’être conscient, pour ensuite, sur cette base solide, repartir à la découverte du monde ? Parce qu’il proposait à ses lecteurs de le suivre sur le même chemin. La tradition de la philosophie est le dialogue. Chacun peut s’il le veut être philosophe, chacun peut comprendre. Il n’y a pas de grands prêtres en philosophie, nous sommes tous invités à la même table. Les grands philosophes sont comme les grands savants, ils ouvrent la voie pour que nous puissions ensuite l’emprunter.

Le second aspect est tout aussi important. Descartes consultait son expérience immédiate, ses perceptions, ses sentiments, ses pensées. Pourquoi aurait-il arbitrairement retiré une partie de sa vie avant de partir à la recherche du savoir ? Là encore, on était dans la plus pure tradition de la philosophie.

C’était bien avant Kant, et son affirmation extraordinaire, que la réalité réelle des choses, matière et esprit, est inconnaissable. Avant que la philosophie ne devienne synonyme d’intellectualisme en roue libre. Ou qu’elle se réduise à l’amour de la sagesse. Ou, comme on le lit dans bien des ouvrages d’aujourd’hui, qu’elle soit là pour l’intérêt de poser des questions et non pour celui de trouver des réponses…

L’aventure n’est pas achevée !

Nous savons bien que tout ce que nous observons, relève de la matière, de l’énergie, de l’espace ou du temps. C’est la définition même de l’univers observable. Mais nous savons tout aussi bien que nous sommes conscients d’observer, que nous avons des opinions, des frustrations, des émotions, de la générosité parfois, une idée de comment les choses pourraient être différentes, ou mieux. Tout cela est partie intégrante de notre expérience, de ce que nous aimerions comprendre.

Ni la Relativité générale ni la physique quantique, ni ces mêmes théories affinées ou de meilleures qui pourraient leur succéder, ne sont ou ne seront conçues pour aborder tous les aspects de notre existence. Elles ne se posent pas les questions que nous nous posons, comment pourraient-elles y répondre un jour ?

La physique quantique, est l’étude des phénomènes qui se déroulent au cœur de la matière. Elle s’appelle « quantique » du mot « quanta » choisi à l’origine pour exprimer l’idée selon laquelle il existe, dans « l’infiniment petit », des petites quantités séparées les unes des autres.La physique dite « classique » s’applique aux phénomènes qui se produisent à notre échelle. Elle s’est avérée insuffisante et pour l’infiniment petit et pour l’infiniment grand dont s’occupent respectivement la physique quantique et la Relativité générale. Ces deux disciplines radicalement différentes (pour l’instant aucun pont n’a été trouvé entre elles) représentent le fer de lance de la physique. Elles mobilisent l’essentiel des recherches actuelles des physiciens.

Quand la physique quantique reviendra vers la biologie – on connaît les espoirs et les enthousiasmes dans cette direction – c’est encore du matériel qu’elle y trouvera, puis dans la psychologie, pour nous dire enfin que nous sommes des robots, mécaniques ou quantiques, mais des robots produits par les lois de la physique. Mais alors, qui étaient les premiers philosophes qui ont démarré l’aventure, et les physiciens qui l’ont poursuivie, des robots également ?

La science nous apporte des connaissances précieuses sur l’univers matériel, et nous en apportera plus encore demain. Mais les scientifiques se trompent, et nous trompent, quand ils affirment qu’ils couvrent l’ensemble du domaine que nous souhaitons explorer.

L’ambition initiale de la philosophie était de comprendre, comprendre toujours plus, toujours mieux. N’est-ce pas encore l’ambition d’aujourd’hui ?

La philosophie a donné naissance à la science, puis celle-ci s’est émancipée, mais elle n’a pas succédé à la philosophie : toutes deux sont sur le chemin de l’avenir.

Lire aussi : Au fait, c’est quoi une religion ?

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Si les jeunes ne prennent pas de drogue, ils ont une chance de réussir dans la vie. S’ils deviennent des gens bien, nous aurons des membres de la collectivité stables et une société magnifique. »

Francis Olachea
Maire de Los Barriles