Droit des femmes au Penjab

Défense des droits des femmes au Pakistan

Pour la première fois au Pakistan, une loi a été adoptée dans laquelle les criminels, qui violent la dignité des femmes et utilisent la violence, sont sanctionnés.

C’est en République islamique du Pakistan qu’une jeune fille de 15 ans, Malala Yousafzai, a reçu une balle dans la tête pour avoir dénoncé des extrémistes et pour avoir osé aller à l’école. Elle a survécu. Son histoire a captivé le monde entier. Elle est devenue l’une des plus grandes militantes pour le droit à l’éducation des femmes dans le monde et la plus jeune lauréate du prix Nobel.

L’avocat Ihsan Ullah Hanjra est un autre champion des droits des femmes pakistanaises, moins connu au niveau international, mais dont le travail sur le terrain a un impact tout aussi important sur la vie de ses concitoyens et sur celle de la prochaine génération.

Ihsan Ullah Hanjra (avocat attaché à la défense des brevets et des marques déposées et criminaliste) vit à Wazirabad, ville de l’État du Pendjab, au nord-est du Pakistan. Ville dans laquelle il a été avocat à la Cour suprême et à la Cour fédérale de la Charia, avant d’ouvrir son propre cabinet.

Outré par les violations des droits de l’Homme infligées aux femmes et aux groupes religieux minoritaires dans son pays, il défend leurs droits depuis 2004.

Défendre le droit des femmes

manifestation pour les droits des femmes

L’avocat Ihsan Ullah Hanjra présent à une manifestation pour le droit des Femmes

Soixante-dix pour cent des jeunes filles pakistanaises ne vont jamais plus loin que l’école primaire et nombre d’entre elles ne vont jamais à l’école. Non seulement elles sont privées de leur droit à l’éducation, mais la violence dont elles font l’objet est aussi considérée comme légale dans le cadre du système complexe des codes tribaux et des lois fondamentalistes qui tolèrent la brutalité. Victimes de crimes d’honneur, d’attaques à l’acide et d’autres abus comme le viol, elles sont traitées comme des citoyens de seconde classe et privées de leurs droits fondamentaux.

« J’ai personnellement observé la violation de leurs droits fondamentaux » déclare Ihsan Ullah Hanjra. « Les femmes n’ont pas le droit de sortir de leurs maisons. Les femmes sont torturées à la maison, elles sont tuées. C’est considéré comme un problème domestique, et donc, elles n’ont pas de défense et leurs droits ne sont pas protégés. »

Malgré les menaces de mort qu’il reçoit, Ihsan Ullah Hanjra donne des conférences à des groupes de femmes et défend régulièrement des cas où elles sont impliquées devant les tribunaux. « Je veux les défendre sans aucun préjugé de religion. Je veux arrêter la violence faite aux femmes dans leurs maisons, dans leur travail, dans leurs déplacements. »

Enseigner les Droits de l’Homme

Ihsan Ullah Hanjra est également préoccupé par les problèmes qui affectent les jeunes dans son pays. Il s’inquiète des groupes extrémistes recrutant de jeunes Pakistanais. En effet, ceux-ci ne reçoivent peu ou pas d’éducation aux droits de l’Homme. C’est ainsi que les extrémistes viennent dans les écoles, parlent aux enfants et les recrutent.

Alors qu’il participait à une manifestation de la Commission nationale pour la justice et la paix, il a découvert l’association internationale « Des jeunes pour les droits de l’Homme »  Il a immédiatement demandé les supports en ligne, qu’il a ensuite présentés à l’administration scolaire régionale afin de pouvoir enseigner le programme dans les écoles.

Des étudiantes lisent la brochure « Qu’est-ce que les Droits de l’Homme ? » Lahore – Pakistan

Ces présentations dans le milieu scolaire créent un impact important dans toute la société (1). La discrimination à l’encontre des minorités religieuses et des castes inférieures n’est plus tolérée dans les écoles. Les droits de l’Homme leur enseignent que les lapidations et les attaques à l’acide sont l’opposé de la justice… et qu’il s’agit de torture et de meurtre. Les filles apprennent à exprimer leurs points de vue lorsque leurs parents veulent les marier à des hommes beaucoup plus âgés.

Le commissaire provincial en chef chargé de la protection des enfants à Lahore, capitale du Pendjab, a salué ce programme en déclarant : « Par ses ateliers, séminaires, réunions et activités, le programme enseigne à des milliers d’enfants du Pendjab leurs droits inaliénables. »

Changer la loi du pays

En tant qu’avocat, Ihsan Ullah Hanjra a mis à disposition sa compétence en matière juridique et ses vastes connaissances dans le domaine des droits de l’Homme pour aider à la rédaction d’une loi d’État intitulée « Décret de 2016 sur la protection des femmes contre la violence au Pendjab ». La loi est décrite comme « un acte visant à établir un système efficace de protection, de secours et de réhabilitation des femmes contre la violence ».

Il a personnellement présenté le texte de loi à l’Assemblée provinciale. Il a rencontré les 189 législateurs de la province afin de faire adopter cette loi. Il leur a cité la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et fourni des brochures et des DVD de l’association « Des jeunes pour les droits de l’Homme » afin de montrer à quel point la loi était nécessaire pour créer une société pakistanaise juste et équitable.

« Pour la première fois au Pakistan, nous avons adopté une loi dans laquelle les criminels qui violent la dignité des femmes et utilisent la violence sont sanctionnés. » – Ihsan Ullah Hanjra

Ses efforts ont porté leurs fruits. La loi a été adoptée le 29 février 2016. Elle représente une étape importante pour la protection des droits des femmes au Pendjab. C’est la toute première fois qu’un tel filet de sécurité officiel existe pour les femmes.

Maintenant, une personne lésée (ou sa représentante) peut porter plainte auprès d’un tribunal pour obtenir une protection, une résidence ou un appui financier. Les victimes de violence domestique ne peuvent pas être expulsées de leur domicile et elles ont le choix de rester ou de trouver un autre logement. Quand les actes de violence sont amplement prouvés, les tribunaux peuvent ordonner aux auteurs de violences contre les femmes de garder une certaine distance et de s’abstenir de toute communication.

Avec cette victoire toute récente pour les droits des femmes, un changement  positif est en train de se produire au Pakistan.

Lire aussi : Enfants victimes de conflits d’intérêts

(1) Depuis 2016, Ihsan Ullah Hanjra utilise les documents du programme « Des jeunes pour les droits de l’Homme » en urdu (la langue native du Pakistan). À ce jour, il a formé plus de 2000 jeunes et 420 enseignants de 318 écoles de sa région. Grâce à son initiative dans le domaine, 19 475 élèves au total ont appris leurs droits fondamentaux.

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Citation

Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.

Article 8
Déclaration Universelle des droits de l’Homme