soldat en colombie

Colombie : l’armée et les Droits de l’Homme

Un récit au cœur de la jungle colombienne

Pendant des années, les efforts pour enrayer la production de stupéfiants en Colombie, se concentraient sur Putumayo, une province située au sud-ouest. « Un jour, c’est l’armée qui passe ; le lendemain, ce sont les guérilleros ; et le jour d’après, ce sont les paramilitaires », la conséquence d’une guerre d’un demi-siècle entre les forces militaires de la Colombie, les milices de droite et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC). Même si le 2 octobre 2016, par référendum, les Colombiens ont rejeté de peu l’accord historique de paix entre les FARC et le gouvernement Colombien, les deux côtés se sont engagés à respecter la paix et à travailler vers la résolution finale de la situation.

La lutte contre le trafique de drogues compatible avec les Droits de l’Homme

Dès novembre 2015, suite au cessez-le-feu du 29 août entre les FARCS et le gouvernement colombien, une équipe de la Fondation Colombienne des Jeunes pour les Droits de l’Homme (1) dirigée par Sandra Poveda, une dentiste colombienne, et Felipe Poveda, son frère, est arrivée dans les jungles de Putumayo. A la demande du général de brigade Alberto Sepûlveda, commandant de la 27e brigade de la jungle de l’armée, la première unité anti-narcotique de Colombie à avoir été financée par les États-Unis, Sandra, Felipe Poveda et leur équipe sont venus passer 10 jours pour former les 53 instructeurs. Ils leur ont présenté le livret « Les droits de l’homme, qu’est-ce que c’est ? ». Ce livret décrit les 30 principes énoncés dans la déclaration des droits de l’homme des Nations Unies de 1948, qui soutient que les gens ont, partout, un droit égal à la justice, à l’éducation et à l’emploi.

Pour illustrer la Déclaration des Droits de l’Homme, durant cette formation, les soldats ont fait des sketchs à partir les articles les plus importants concernant leurs relations avec la population locale. Ils ont aussi joué des scènes qui montraient les façons non éthiques et éthiques de s’occuper des trafiquants de drogues. Plus de 1 600 soldats du général de brigade Sepulveda ont suivi cette formation interactive, qui maintenant fait partie du programme quotidien du bataillon.

Depuis 2009, l’armée travaille avec la Fondation des Jeunes pour les Droits de l’Homme

Distribution du livret des droits de l'homme à des soldats colombiensEn 2009, suite à l’affaire qui avait fait scandale en 2008 où des soldats véreux avaient exécuté 900 civils parce qu’ils voulaient réclamer des primes pour avoir fait leur quota de morts chez les rebelles, le ministre de la Défense de l’époque, Juan Manuel Santos, l’actuel Président de Colombie, a ouvert l’école des Droits de l’Homme et du droit humanitaire international de l’armée nationale de Colombie à Bogota. Les militaires en Colombie travaillent avec la Fondation Colombienne des Jeunes pour les Droits de l’Homme depuis l’année 2009.

En juin 2015, plus de 47 000 soldats de l’armée nationale colombienne avaient assisté à des conférences sur les Droits de l’Homme données par des bénévoles de la fondation et des instructeurs militaires. Selon les chiffres communiqués par le lieutenant Col. Anstrongh Polania, chef du département juridique du ministère de la Défense, 300.000 membres des forces armées, la majorité des troupes sur la ligne de front, ont été formés sur les Droits de l’Homme.

Une chute de 96 pour 100 des violations des droits de l’homme dans l’armée

Soldats lisant le livret sur les droits de l'hommeL’effet général que cela a eu pour ce qui est du respect des droits de l’homme a été véritablement stupéfiant. Dans une lettre à la fondation, le directeur de l’école des droits de l’homme de l’armée à Bogota a déclaré que les campagnes de la fondation avaient contribué à une chute de 96 pour 100 des violations des droits de l’homme dans l’armée. En septembre 2015, le ministère de la défense a décerné à la fondation la médaille José Hilario Lapez Valdés en reconnaissance de ses efforts pour promouvoir les droits de l’homme. Cette décoration prestigieuse doit son nom au neuvième président de la Colombie, qui a aboli l’esclavage et a soutenu la liberté de la presse au milieu du XIX·siècle.

« Nous sommes en train de créer une culture des droits de l’homme à Putumayo, une terre de guerre et de criminalité. Si nous avons pu enseigner les droits de l’homme ici, nous pouvons les enseigner n’importe où » – Felipe Poveda

Encouragée par les résultats obtenus, en avril 2016, la fondation a réalisé la même formation en Équateur, le pays voisin. Les forces de sécurité de l’Équateur, qui partagent une frontière avec Putumayo, avaient été critiquées pour leur emploi de la force contre des manifestants pacifiques en 2015.

(1) Cette fondation fait partie des Jeunes pour les droits de l’homme international (Youth for Human Rights International- YRRI). Celle-ci est la branche de l’association Tous unis pour les droits de l’homme (United for Human Rights), qui s’adresse à la jeunesse. L’association Tous unis pour les droits de l’homme est une association indépendante à but non lucratif soutenue par l’église de Scientology dont le siège se trouve à Los Angeles.

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